Niépce correspondance et papiers

618 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS assez longtems que je désigne ici sous le nom de notre grande rouë, ou ce qui revient au même élever l’eau à une hauteur donnée sans [...] 1 chûte, et sans consommation, que celle de l’air athmospherique 2 ; il me tarde bien davoir terminé cette machine pour faire l’expe- rience démonstrative, de ce procedé ; mais je crois pouvoir te dire mon cher ami, que le rai- sonnement et le calcul saccordent, pour la solution du probleme, en sorte que nous pour- rons avoir au lieu d’une seule corde a notre arc une seconde, et troisieme, si la machine à chûte qui entre dans la composition de la premiere, peut être considerée comme telle. Mais il en reste une quatrieme qui sera le compendium 3 de toutes les autres, et que nous ne per- dons pas de vuë, ni l’un ni l’autre 4 ; ajoutons à tant de bonnes choses, celle qui t’occupe de ton côte ; et jespere que s’il plait à Dieu, nous ne serons pas embarrassés, de rembourser la somme que nous avons empruntée ; et que nous aurons la satisfaction d’augmenter hono- rablement notre fortune, par notre assiduité et nos travaux. Je suis bien reconnaissant, mon cher ami, des details que tu veux bien me donner, sur nos recoltes de cette année, il parait quelles ont été bonnes, et qu’il ne manque qu’un peu plus de numeraire, pour avoir une bonne recette ; mais si l’opération de finance qui t’oc- cupe éssentiellement mon cher ami, se termine heureusement ; nous serons plus tran- quilles sur l’avenir, car je présume que l’emprunt est au moins pour trois ans, et il faut esperer qu’avant cette époque nous aurons du productif c’est à quoi je tache de tout mon pouvoir ainsi que toi ; je finis faute d’espace, et en te renovelant mon cher ami ainsi qu’a ma chere sœur l’assurance du plus sincere comme du plus tendre attachement, que je vous ai voué pour la vie. J’embrasse mon cher neveu de tout mon cœur, mes respects et compli- mens à toutes les personnes de notre connaissance, le bon jour à tous nos gens, mes car- resses accoutumées aux bons gardiens ainsi quau petit minet. A Monsieur Monsieur Niepce Proprietaire 1. Mot rayé illisible. 2. Le mouvement perpétuel. Fouque, Potonniée, n’ont fait aucun commentaire à ce sujet ; et Louis Gallas qui a publié plusieurs lettres largement consacrées à cette question, notamment celle du 19 juillet 1822 (v. 366), dans laquelle Claude avoue clairement chercher « la démonstration de la possibilité de ce qu’on appelle le mouvement perpétuel », n’a pas mentionné que ses recherches étaient sans rapport avec le pyréolophore. L’Académie des Sciences refusant en principe toute communication relative au sujet depuis 1775, il peut paraître surprenant que les frères Niépce, si souvent éclairés par ailleurs, au demeurant parfaitement conscients de l’obstacle que constituaient les frottements, puisque cherchant à y pallier par leur fameuse « grande roue », aient tant sacrifié à « la solution du grand problème ». Bertrand Gille n’étendrait évidem- ment pas sa tolérance jusqu’à leur cas. Néanmoins nous prenons la liberté de faire nôtre la conclusion de son étude sur La longue histoire du mouvement perpétuel (du Moyen Age au milieu du XVII e siècle) : « [...] Il n’est donc jamais question de volants destinés à lutter contre l’inertie. Jusqu’à la fin du XVII e siècle, les effets des frottements ont également échappé à nos imaginatifs [...]. Au total, s’ils avaient tout su, ils auraient rejeté la recherche de cet impossible que constitue le mouvement perpétuel. C’est pourquoi nous avons limité l’étude au milieu du XVII e siècle. Au delà, ils pourraient paraître impardonnables s’il n’y avait pas dans leurs rêves une imagination de conception qui n’est jamais inutile. Naïveté, crédulité ? sans doute, mais démontrée tardivement. Aujourd’hui, lorsqu’on se trompe en construisant un paquebot ou un avion qui n’auront pas de clients, on parle d’intéressantes retombées dans d’autres secteurs. Il en a été de même pour nos rêveurs » (L.R. n° 114 ; sept. 1980). 3. L’abrégé. 4. Il nous semble effectivement honnête de se demander si Nicéphore lui-même douta vraiment du mouve- ment perpétuel. 1815 1824 1 8 De la seconde Restauration jusqu’à la naissance de la photographie

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