Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 767 Monsieur Je n’ai reçu qu’hier, les 8 gravures que vous avez eu la complaisance de me procurer, et dont votre lettre du 28 mars 1 m’anonçait l’envoi.Je m’empresse de vous en adresser la valeur montant à la somme de quinze francs 2 , qui vous parviendra franche de port, par le bureau des postes dont vous trouverez la reconnaissance ci-jointe. Ma lettre et l’argent par- tiront par le courrier de jeudi. Je suis parfaitement satisfait des gravures ainsi que de la modicité de leur prix. Je ne pouvais mieux m’adresser qu’à vous, Monsieur, sous tous les rapports, pour cette petite emplette ; c’est aussi le motif qui m’a mis dans le cas de réclamer encore votre obligeante intervention. Agréez donc, je vous prie, mes bien sincères remercimens comme l’expres- sion et le gage préalable de ma gratitude. J’avais oublié de vous dire dans ma dernière lettre, qu’au moment même où je croyais ne plus avoir à l’avenir, de relations avec M r . Daguerre, il m’a écrit 3 et m’a envoyé un petit dessin très élégamment encadré, fait à la seppia ; et terminé à l’aide de son procédé. Ce des- sin, qui représente un intérieur, produit beaucoup d’effet ; mais il est difficile de détermi- ner cequi est uniquement le résultat de l’application du procédé, puisque le pinceau y est intervenu. Peut-être, Monsieur, connaîtriez-vous déjà cette sorte de dessin que l’auteur apelle dessin-fumée 4 , et qui se vend chez Alph e . Giroux 5 . Quelle qu’ait pu être l’intention 1. V. 415. 2. En réalité, le prix des gravures se montait à 13 francs. S’y ajoutaient 1 franc pour le tirage des cinq épreuves envoyées précédemment, et 35 centimes dus au graveur depuis le mois de février. Niépce se fit un devoir d’arrondir le total à 15 francs, bien convaincu que Lemaître avait eu à supporter quelques frais accessoires. 3. Nécessairement antérieure à la mi-mars, cette lettre a vraisemblablement été perdue par Nicéphore lui- même (v. 426). 4. Les dessins-fumée que Daguerre aimait à pratiquer dans les dernières années de sa vie (M. p. 11) s’effec- tuaient sur du verre uniformément recouvert de noir de fumée. Pour réaliser une image, l’artiste éliminait plus ou moins ce noir à l’aide d’un outil ou bien de ses doigts. A noter que l’épreuve reçue par Nicéphore était sur papier comme le sont les divers dessins-fumée de Daguerre conservés dans différents musées (v. ill. p. 768). Ce procédé n’a rien de photographique contrairement à ce que Nicéphore semble croire. La formulation employée par Daguerre était-elle ambigüe ou était-ce une mauvaise interprétation de Nicéphore ? 5. « Connu du monde entier » (V.F.p.108),« parent de Madame Daguerre » (G.P.p.127 n.2),ce que nous n’avons pu vérifier, Alphonse Giroux n’a, à notre connaissance, fait l’objet d’aucune notice biographique. Voici ce qu’on pouvait lire dans la presse au début de la Restauration : « Il se vend tous les jours à l’amiable chez Giroux, rue du Coq St. Honoré, n° 7, des tableaux anciens et modernes du plus grand prix. Cette vente attire un grand concours d’amateurs, et mérite d’être suivie par le choix des tableaux proposés » (L.Q. 03/07/1816). De fait, on annonçait le mois suivant que « S.A.R. le duc de Berry a visité les salles d’expo- sition de tableaux de M. Alphonse Giroux » (L.Q. 08/08/1816). Deux mois et demi plus tard, on précisait encore que « la galerie de tableaux de M. Alphonse Giroux, rue du Coq Saint Honoré, ne cesse d’être visitée par les amateurs français et étrangers qui y jouissent d’un libre accès : avant hier, ce bel établissement a été honoré de la présence de plusieurs personnages de la plus haute distinction » (L.Q. 24/10/1816). C’est chez Giroux que Monsieur de Sassenay se fournissait en articles de dessin et de peinture pour sa fille (v. 265), chez Giroux que le général Poncet fit encadrer le portrait du pape Pie VII (v. S. 8), chez Giroux, lequel était « boutonné » comme personne, que Victor Fouque fut employé « en qualité de principal commis, de 1821 à 1824 » (v.S.16),chez Giroux que paraîtra la seconde édition de la brochure de Daguerre en 1839…D’utiles éclaircissements nous ont été fournis par l’ Almanach des 25 000 adresses . L’édition de 1818 ne mentionne que « Giroux (A.) [André], peintre de tableaux d’église, r. du Coq S t .-Honoré 17 [pour 7 ? ] ». Idem en 1825 : « Giroux (A.), peintre de tableaux d’église — Salon de 1822 et 1824, — divers sujets , r. du Coq St.-Honoré 7. » Par contre, l’édition de 1832 donne la clé de l’énigme : « Giroux père, r. du Coq S t .-Honoré 7. » « Giroux (Alph.), atelier pour l’exécution des tableaux d’église, et restaurat. de tableaux, r. du Coq S t .-Honoré 7. » « Giroux (Alph.) et comp., papet. fabric. de bordures dorées, de couleurs fines, et mag. d’objets de goût pour 417 1824 1829
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