Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 773 indirectement... Tu pourrais dire ici à beaucoup de personnes : vous avez cru, Thomas, par- ceque vous avez vu ; heureux ceux qui ont cru sans avoir vu !… Tu jugeras que je ne dois guère être en train de travailler ; j’ai pourtant fait un second point de vue d’après nature, qui a réussi comme le premier 1 , et dans ce moment même, je m’occupe d’un troisième qui, je pense, n’ira pas moins bien. Mon procédé est excellent, mais les objets ne sont pas ren- dus dans ma chambre obscure avec une égale netteté. C’est un défaut qui lui est commun avec les machines de ce genre. Je m’occupe à cet effet, d’un perfectionnement fort-impor- tant si j’ai le bonheur de réussir. Je regrette bien, mon cher ami, d’être aussi laconique sur un sujet auquel tu as la bonté de prendre un intérêt si vif et si tend[re] et sur lequel j’au- rais tant de choses à te dire ; mais je suis encore à mon grand regret, forc[é de] 2 différer momentanément cette agréable communication. Avant de terminer ma lettre, j’étais bien aise, mon cher ami, de te faire part [de la] réponse que j’attendais et que je reçois à l’instant de M r . Granjon, relativement à la certi- tude positive d’un prompt envoi de fonds à ta destination. Nous ne pouvions, comme il me le mande, nous adresser qu’à M.M. Coste, vu le manque de toute autre ressource et l’ur- gence de tes besoins. Ces Messieurs lui ont dit que je n’avais qu’à leur écrire comme à l’or- dinaire, et qu’ils te feraient passer de suite la somme demandée. En conséquence, je vais leur écrire demain, et les prier de t’adresser la somme accoutumée de 6,000 francs dans le plus bref délai : elle te // parviendra certainement à la fin de juillet courant. Ainsi, tu dois être maintenant sans inquiétude, mon cher ami, et je te conjure d’après cela d’expédier sans délai les procurations. M r . Olivier, régent de la Banque de France, n’a pas encore répondu ; il paraît qu’il est aux eaux de Barèges ou de Bagnieres sur la frontière d’Espagne 3 ; mais M r . Granjon attend de ses nouvelles d’un jour à l’autre. Adieu, mon cher ami : je finis à la hâte : ma femme s’unit à moi dans l’expression de nos tendres et inalté- rables sentimens pour toi ; tes chers neveu et nièce te prient d’agréer l’hommage de leur respectueux attachement, et M r . et M me . de Champmartin me chargent de les rapeller à ton agréable souvenir. Reçois aussi les amitiés, respects et caresses de qui de droit./. [E.m. p. 1] P.S. J’ai eu avant hier un entrevue sur notre position, avec M r . et M me . de Champmartin. Malgré tout ceque j’ai pu leur dire, je ne suis pas parvenu à les tranquilliser sur la réussite, et la prochaine terminaison de tes travaux. Ils voudraient que j’allasse à Londres pour conférer avec toi, mon cher ami, touchant la gravité de notre position, et les moyens d’en sortir promptement. Je n’ai pas à me plaindre de la manière dont // [E.m. p. 2] cette entrevue s’est passée cette fois 4 ; nous avons de bien bons parens, et qui doivent, à dire vrai, prendre le plus vif intérêt à la chose. De mon côté, je me suis tiré d’affaire le mieux que j’ai pu ; mais malgré cela tu dois concevoir, mon cher ami, combien cette sorte de discussion deviendrait pénible pour moi, si elle se répétait souvent ; tâche donc d’y mettre un terme le plus tôt qu’il te sera possible ! Adieu ! .Angleterre. ://: Monsieur, 1. V. 419. 2. Déchirure. 3. Barèges, Bagnères-de-Bigorre ou Bagnères-de-Luchon. Cette trois stations, également renommées pour leurs eaux thermales, étaient très fréquentées. 4. On l’a vu, M. de Champmartin n’avait guère tardé à manifester son inquiétude (v. 402). 420 1824 1829

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