Niépce correspondance et papiers
780 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS beaucoup mieux maintenant. A en juger par certains signes précurseurs, surtout par un mal de tête assez fort, je vais probablement la remplacer. Tu vois, mon cher Isidore, que jusqu’ici notre début n’a pas été des plus heureux. Qu’y faire ? Prendre patience, et bien nous garder d’augurer défavorablement de tout le reste, d’après une aussi triste induction ; ce serait dans le fait, trop décourageant. Malgré cela, je ne puis pas disconvenir que ces contrariétés ne nous disposent guère bien à jouir des agrémens de la capitale ; aussi n’avons-nous encore vu que quelques uns de ses principaux édifices, et parmi ses nom- breuses curiosités, que le Jardin des Plantes et l’Exposition au Louvre des produits de l’in- dustrie ; choses très-remarquables, il est vrai, mais dont nous n’avons pu juger que d’une maniere // fort superficielle, parcequ’il y avait foule, et qu’il était impossible de rien obser- ver attentivement. Quant aux spectacles, nous n’avons mis le pié dans aucun, sauf le Diorama. La prolongation forcée de notre séjour nous impose plus d’économie sur cequi ne tient qu’à l’agrément, et malgré cela, tout s’arrange si bien ou plutôt si mal, qu’on dépen- se toujours bien au delà de cequ’on voulait dépenser. Il ne faut plus, mon cher Isidore, compter sur la maison de commission 1 . Nous n’avons pu la trouver à l’adresse indiquée : elle est maintenant, quai de l’Ecole. Nous y avons été, mais un de ces Messieurs nous a dit que l’établissement qu’ils avaient formé à Londres, n’existait plus. Il parait, autant que j’ai pu l’entrevoir, qu’ils n’ont pas été autorisés à le continuer ; cequi est d’autant plus fâcheux que rien ne peut le remplacer. J’ai vu deux fois M r . Barrat, et il nous a rendu sa visite. Nous sommes convenus que je lui écrirais de Londres pour le prévenir de la détermination que nous prendrions mon frère et moi, relativement à la translation de notre machine soit à Châlon, soit en Angleterre ; attendu que je ne voulais rien décider là dessus avant de l’avoir consulté. Au reste et dans tous les cas, ce bon M r . Barrat me semble bien disposé à faire cequi pourra nous convenir 2 . En sortant de chez lui, je suis allé à la Société d’Encouragement 3 où j’ai parlé au secretaire pour savoir si mon envoi de fécule de girau- mon* 4 , était parvenu à la Société. Il m’a répondu qu’effectivement elle l’avait reçu dans le tems, et qu’à cette époque elle avait même chargé M r . de Rosne 5 , l’un de ses membres, de faire un rapport à ce sujet ; mais que ce monsieur ayant été dès lors, en mission pour le compte du gouvernement, n’était de retour à Paris que depuis deux mois et qu’ainsi le rap- port ne pouvait maintenant éprouver de retard, dans le cas où il ne serait pas déjà fait. Pour me mettre à même de m’en assurer, il m’a donné l’adresse de M r . de Rosne qui demeure à Chaillot. La course étant un peu forte, je vais lui écrire, et si ça m’est possible, je te trans- 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre 1. La société Vassal et C ie ? 2. La machine dont il question ici, n’était autre que le pyréolophore, entreposé au 42 rue du Bac depuis 1817. Nicéphore se refusait à décider seul du sort de la machine parce que Claude lui avait laissé entendre qu’elle pourrait trouver place dans un musée de Londres (v. 352, 374). 3. Laquelle Société d’Encouragement, nous l’avons dit, se trouvait au n° 34 rue du Bac, alors que Barrat résidait dans le même bâtiment mais au 42 (v. 186n). 4. Envoi qui remontait à novembre 1826 (v. 403). 5. Louis Charles Derosne (1780-1846). Chimiste et mécanicien. Il dirigeait avec un de ses frères la pharmacie Cadet-Derosne, et fit avec lui en 1806, des recherches sur l’esprit pyro-acétique* que fournit la distillation de l’acétate de cuivre. En 1808, il réussit à blanchir le sucre brut. En 1811, il parvint à retirer 4 % de sucre des racines de betteraves, et présenta à la Société d’Encouragement un pain de sucre de betterave raffiné. En 1813, il fabriqua du noir animal par la carbonisation des os, et appliqua le charbon à la décoloration et à la purification des sirops de sucre. En 1817, il établit avec Ceillier-Blumenthal l’appareil distillatoire continu, demeuré la base de tous les appareils évaporatoires. En 1825, associé avec le mécanicien Cail, il construisit à Chaillot une usine qui devait être la première pour la construction des machines à vapeur et la fabrication des locomotives de chemin de fer (N.B.G.). L’ Almanach royal de 1827 précise que Ch.-L. Derosne, pharma- cien, rue Saint-Honoré n° 115, était adjoint à la Société d’Encouragement, pour les Arts économiques.
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