Niépce correspondance et papiers
790 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 432 Copie de lettre 1 (A.S.R.) 2 Kew, 31 octobre 1827. Nicéphore à Aiton. .Kew, le 31. 8 bre . 1827. .W m . T. Aiton, Esq r . .Monsieur, .Comme il serait possible que je n’eusse pas l’honneur d’être admis aux piés de Sa Majesté, pour y déposer l’humble hommage de mes recherches héliographiques ; et que, par suite, je me trouverais hors d’état de répondre verbalement, aux questions qui pourraient m’être faites ; permettez-moi de vous soumettre quelques observations à ce sujet. .Je ne me dissimule point les objections que provoquera l’examen critique de mon tra- vail : aussi commencerai-je par réclamer toute l’indulgence qu’il mérite, en priant de consi- dérer que ma découverte ne fait encore que de naître, et que j’eusse obtenu, sans doute, de meilleurs résultats, si mon départ précipité pour l’Angletterre, ne m’avait empêché de suivre l’objet de mes recherches. Cette circonstance imprévue était fâcheuse pour moi, sous bien des rapports ; // mais elle m’offrait heureusement, la consolante perspective de voir excaucer plus-tôt un vœu 3 que j’avais formé dès le principe, et dont vous avez bien voulu, Monsieur, être le premier dépositaire. .Mes épreuves encadrées faites sur étain 4 paraîtront sans doute trop faibles de ton ; cequi provient de ceque les jours ne contrastent pas assez avec les ombres résultant de la réflexion du métal. On rémédierait à cette défectuosité en recevant l’image des objets sur de l’argent plaqué, bien poli. Il y aurait alors, plus d’opposition entre le blanc et le noir ; et cette dernière couleur, rendue plus intense au moyen de quelque agent chimique, perdrait ce reflet brillant qui contrarie la vision 5 , et produit même une sorte de disparate*. .Je présume que mes essais de gravure, quant à la profondeur et à la pureté du trait, laisseront aussi beaucoup à désirer. Toutefois, on sera peut-être moins étonné que je n’aie pas mieux réussi de prime abord, // vû l’insuffisance de mes ressources dans un art dont la théorie et la pratique me sont peu familleres. Il est certain qu’avec un bon vernis, et un acide plus concentré, j’aurais pu donner plus de creux à mes gravures, sans craindre de 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre 1. De la main de Nicéphore. 2. Publ. in U (doc. 54). 3. Et non examiner plus-tôt une voie , ce qu’on trouve dans l’édition russe. 4. La description qui suit correspond très exactement au type d’image que constitue le point de vue pris de la fenêtre conservé à Austin.Il s’agit de ces images au bitume sur étain obtenues par sous-exposition et qui peu- vent être vues en négatif ou en positif suivant que le métal à nu, c’est-à-dire non recouvert de bitume, reflète de la lumière ou de l’ombre. Ce n’est que depuis l’été précédent que Nicéphore réalise ce genre d’image. Il disposait donc de plusieurs points de vue d’après nature (on en ignore le nombre). C’est donc à tort qu’on a prétendu que « toutes les images de Niépce, sauf une, étaient des copies de gravures » (H.&A.G.p.59).Niépce lui-même nous fournira d’autres occasions de souligner cette erreur (v. 455) dont l’importance est plus grande qu’il y paraît. En effet, aujourd’hui encore, certains historiens en concluent que Niépce ne considérait l’héliographie que comme une étape vers l’héliogravure, comme un moyen pour atteindre une fin plutôt que comme une fin en elle-même (L.J.S.). On peut affirmer au contraire que Niépce, comme il l’avait annoncé à Lemaître, ne revint jamais à la gravure, estimant avoir pleinement exploré cette voie. 5. Niépce annonce ici les travaux qu’il réalisera en 1828-1829. Il opérera effectivement sur plaqué* d’argent. Il utilisera la réactivité de ce métal afin de noircir les zones laissées à nu par le bitume dissous, en les soumet- tant soit à du sulfure de potasse soit à des vapeurs d’iode (v. 506).
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