Niépce correspondance et papiers

lumière, et de la reproduire par l’impression, à l’aide des procédés connus de la gravure. Je m’occupais de ces recherches, lorsqu’une circonstance récente a précipité notre départ pour l’Angleterre ; cequi m’a empêché de les continuer, et de parvenir peut-être, à de meilleurs résultats. Je désire donc, que l’on juge bien moins ces premiers essais sous le rap- port des arts, que d’après les moyens présumés qui concourent à la production de l’éffet ; car c’est de l’éfficacité de ces moyens, que dépend une complette réussite. .Je ne me dissimule point les objections que provoquera l’examen critique de mon tra- vail ; aussi réclamerai-je toute l’indulgence qu’il me semble mériter, en ne le considérant que comme la trace d’un premier pas hazardé dans une carrière nouvelle. .On trouvera sans doute, mes dessins encadrés faits sur étain 1 , trop faibles de ton. Cette défectuosité provient principalement de ceque les jours ne contrastent point assez avec les ombres résultant de la réflexion métallique. Il serait aisé d’y rémédier en donnant plus de blancheur, et plus d’éclat aux parties qui représentent les éffets de lumière, et en recevant les impressions de ce fluide sur de l’argent plaqué, bien poli et bruni* ; car alors, l’opposition // entre le blanc et le noir, serait d’autant plus tranchée ; et cette derniere cou- leur, rendue plus intense au moyen de quelque agent chimique, perdrait ce reflet brillant qui contrarie la vision, et produit même une sorte de disparate. .Mes essais de gravure, laisseront aussi beaucoup à désirer, surtout quant à la finèsse du trait, et à la profondeur des tailles ; toute fois, on sera moins étonné peut-être, que je n’aie pas mieux réussi de prime abord, vû l’insuffisance de mes ressources dans un art dont la pratique m’est peu famillère. Je crois qu’il n’est pas inutile de faire remarquer à ce sujet, que mon procédé est susceptible d’être appliqué sur cuivre comme sur étain ; qu’il peut l’être également sur pierre, et qu’il le serait encore mieux sur verre, en employant l’acide fluorique. Il suffirait dans ce dernier cas, de noircir légèrement la partie gravée, et de la pla- cer sur un papier blanc, pour obtenir une épreuve vigoureuse. M r . Daguèrre, peintre du Diorama, à Paris, m’a conseillé de ne pas négliger ce genre d’application, qui n’aurait pas il est vrai, l’avantage de multiplier les produits ; mais qu’il regarde comme éminemment propre à rendre toutes les finèsses de la nature 2 . .Parmi les principaux moyens d’amêlioration, ceux que fournit l’optique, sont des plus importans. Cette ressource m’a encore manqué dans un ou deux essais de points de vue à l’aide de la chambre noire, quelque éffort que j’aie fait pour y suppléer par des combinai- sons particulières. Ce n’est éffectivement, qu’avec cette sorte d’appareil perfectionné autant qu’il peut l’être, que l’on peut obtenir une parfaite image de la nature, et parvenir à la fixer convenablement. Je regrette de ne pouvoir entrer dans des détails plus étroitement liés au principe de ma découverte ; mais je ne pourrais m’expliquer là-dessus sans incon- vénient 3 : je m’abstiendrai donc d’en parler, bien convaincu que cette explication // n’est pas rigoureusement nécessaire pour déterminer une opinion quelconque sur l’objet dont il s’agit. Puisse-t-il paraître digne de quelque intérèt, et surtout, faire augurer favorablement de ses résulats ultérieurs pour les arts auxquels il se rattache. [N.s.m.] Nicéphore Niépce 4 1. V. 432n. 2. V. 427n, 432n. 3. V. 432n. 4. Prétendue signature autographe qui n’est qu’un faux grossier. 433 1824 1829 N IEPCE 793

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