Niépce correspondance et papiers
794 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS 434 Lettre 1 Kew, 5 novembre 1827. Nicéphore à Isidore. [...] Je veux ménager ta sensibilité et la nôtre, mon cher Isidore, en abrégeant ces tristes détails 2 . Ce qui peut seul adoucir nos peines, c’est de voir que mon pauvre frère s’in- quiète peu de son état, et que d’agréables illusions ont encore sur lui, tout l’ascendant de la vérité. Puisse-t-il les conserver jusqu’à la fin ! Ce n’est pas de cette année seulement qu’il est malade ; il l’était, à ce qu’il nous a dit, depuis cinq ou six ans : et nous l’ignorions ! Nous ignorions aussi que la grande nouvelle et la réussite du mouvement perpétuel n’étaient que des révélations, que de vains prestiges d’une imagination délirante. Il faut prendre là-des- sus notre parti : le mal est sans remède ; car je ne vois pas qu’il soit possible d’utiliser un mécanisme aussi compliqué que celui de la machine de rotation. Si jamais elle fonctionnait d’elle-même, ce ne serait qu’en vertu du nouveau principe qui seul constituerait la sponta- néité du mouvement, et dans ce cas-là, sauf le chassis, tout ce qui a été fait deviendrait complètement inutile. A l’égard du pyréolophore et de la machine hydraulique, je ne sais pas ce que nous pourrons en faire ; notre intention n’étant pas de hasarder la moindre dépense pour ces deux objets. Je t’ai marqué dans ma dernière lettre 3 , que j’avais écrit le 16 octobre, à M. le directeur des parcs et jardins royaux 4 . J’attendis sa réponse pendant six jours ; et voyant qu’elle n’ar- rivait pas, je lui écrivis le 22 5 , pour savoir s’il n’avait rien de nouveau à m’apprendre. Il me fit dire qu’il avait communiqué ma lettre à M. le marquis de Connyngham 6 , qui lui avait répondu qu’ayant été surchargé d’affaires, il n’avait pu s’occuper de ma demande ; mais qu’il s’en occuperait certainement dans deux ou trois jours. Nous prîmes donc encore patience. Il me vint alors dans l’idée qu’il serait possible que je ne fusse pas admis à présenter moi- même mes essais, et qu’à cet effet on employât un intermédiaire ; ce qui me mettrait alors, dans l’impossibilité de répondre verbalement aux objections qui me seraient faites, et d’in- diquer les différents perfectionnements dont ma découverte naissante est susceptible. Je rédigeai en conséquence, une note qui répondait à tout, en peu de mots, et que je crus propre surtout, à prêter un degré de plus à l’objet de ma demande. Je la tins prête, et nous restâmes encore sept ou huit jours dans l’attente. Enfin, mardi passé 7 , M. Aiton, le direc- teur, me fit annoncer qu’il viendrait voir mes essais. Ils avaient déjà fixé l’attention et exci- té la surprise de deux personnes qui venaient de les examiner : ils ne produisirent pas moins d’impression sur M. Aiton. Il nous dit que la marche que nous avions suivie 8 , n’était pas régulière ; que mes épreuves avant d’être présentées à Sa Majesté, auraient dû être sou- mises préalablement à l’Académie royale de peinture 9 ; mais que si je voulais les lui confier, 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre 1. Extrait Publ. in V.F. (p. 145). Cette lettre, que Fouque avait « sous les yeux », aurait disparu aujourd’hui. 2. « Détails intimes sur l’état physique, moral et mental de Claude Niépce, et que les convenances ne nous per- mettent pas de livrer à l’avide curiosité du public » ; le malheureux étant « atteint d’une hydropisie qui ne lui laissait aucun espoir de guérison » (V.F. p. 145). 3. Inconnue. 4. Aiton (v. 431). 5. Lettre inconnue. 6. Francis-Nathaniel Conyngham (1797-…). 7. Le 30 octobre. 8. Autrement dit en s’adressant à lui, Aiton. 9. La Royal Academy. Créée en 1768, elle occupait dans Somerset House, côté Strand, d’élégants salons.
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