Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 801 curé un nouveau prêteur, et qu’il soit un de tes anciens condisciples. Nous désirons de tout notre cœur, que la procuration soit acceptée, et que les co-prêteurs après s’être décidés, s’engagent par acte, à terminer l’affaire aussitôt après le retour de M r . Granjon. Le moyen que vous avez employé conjointement, ta femme et toi, pour en faciliter la conclusion, ne pouvait être que très-efficace 1 : c’est une généreuse inspiration de la tendrèsse filiale, que personne ne peut mieux apprétier, ni sentir plus vivement que nous. C’est par de sem- blables procédés, mon ami, que l’on provoque la confiance, et que l’on s’honore à ses propres yeux. Nous // ne sommes donc pas surpris qu’ils aient pu produire un bon éffet, et nous vous en félicitons aussi cordialement que nous y applaudissons. Tâche de te pro- curer la lettre de recommandation : je serais bien aise de l’avoir plus tôt que plus tard, si c’est possible. Peut-être conviendrait-il que tu allasses voir M r . de Beaurepaire : il n’aura pas oublié sans doute, nos anciennes relations avec sa famille et celle de M me . son épouse, et je suis persuadé que tu serais très bien accueilli 2 . Depuis quelque temps, ton oncle ne nous parle plus de nos affaires. Je me garde bien de lui en rien dire, et je lui laisse même ignorer que nous nous écrivons, pour ne pas le pré- occuper d’un objet qui parait être la principale cause de la cruelle méfiance que nous lui inspirons... Tout ceque nous pouvons faire, mon cher Isidore, et ceque nous faisons de tout notre cœur, c’est d’implorer le secours de la providence, et de nous soumettre à ses décrèts impénétrables... Il est heureux que nous ayons quelque chose qui fasse diversion à nos peines. Tu sais où en était la démarche dont je m’occupe. Mes éssais qui se trouvaient à Windsor depuis quelques jours, y sont restés jusqu’à dimanche passé 3 . J’ignore si le Roi les a vus ; il ne m’a pas été possible de m’en assurer. Tout ceque j’ai appris, c’est qu’ils avaient été déposés dans les bureaux du chambellan, chargé de toutes les demandes relatives aux objets d’art, que ce lord qui est membre de la Société Royale, aurait bien voulu pouvoir pré- senter lui-même ma découverte ; mais que ses fonctio[ns] 4 ne lui permettaient pas de s’éloi- gner de Sa Majesté. Mes essais m’ont donc été renvoyés, a[ttendu] qu’il fallait préalable- ment, qu’ils fussent mis sous les yeux de la dite Société. Dans l’inter[valle] j’avais adressé à M r . Aiton, la nouvelle note dont je t’ai parlé 5 , et il me fit dire dimanche soir, que je n’avais rien de mieux à faire que d’écrire à M r . Bauer, académicien, qui se trouvait à Kew même, dans notre voisinage. Je ne perdis pas de temps, et dès le lendemain matin, j’écrivis à ce M r . une lettre fort honnête, pour l’engager à venir voir mes dessins et gravures 6 . Nous avons eu sa visite hier, et nous en avons été parfaitement satisfaits. M r . Bouer, n’est pas Anglais, mais Allemand ; c’est un homme d’un certain âge, et un naturaliste // distingué. Ma décou- verte lui a paru quelque chose de très-extraordinaire et du plus grand intérêt. Il nous a dit que quoiqu’il ne quittât peu la campagne, il ferait tout cequi dépendrait de lui pour nous 1. Ce moyen consistait à se déclarer solidaire de Nicéphore et Agnès dans leurs emprunts. 2. Le marquis Joseph-Claude-François de Beaurepaire (1769-1854). Emigré, rentré en France après Brumaire, devint maire de Beaurepaire (Saône-et-Loire), fut commandant de la garde nationale de Louhans et élu député le 22 août 1815 en Saône-et-Loire. Constamment réélu, il siégea toujours au centre, vota régulière- ment pour le ministère et fut nommé pair le 5 novembre (D.B.F.). Edouard Burignot de Varenne a laissé un récit pittoresque du combat qu’il livra, pour le compte de son père, contre M. de Beaurepaire, lors des élec- tions de 1820 (J.E.B.V.). On ignore quelles étaient les « anciennes relations » évoquées ici. L’espoir d’obtenir du marquis une lettre de recommandation, n’était évidemment pas étranger à son accession à la pairie, quinze jours plus tôt. 3. Dimanche 18 novembre. On a vu que le paquet était parti pour Windsor le 31 octobre (v. 434). 4. Déchirure. 5. Il s’agissait de cette « autre » note dont Nicéphore parlait le 5 novembre (v. 434). 6. V. 436. 438 1824 1829

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