Niépce correspondance et papiers
810 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS .Je m’occupais de ces recherches, lorsqu’une circonstance assez récente a précipité mon départ pour l’Angleterre ; ce qui m’a empêché de les continuer et de parvenir à des résultats plus satisfaisans. Je désire donc que l’on juge bien moins ces premiers essais sous le rapport des arts, que d’après les moyens présumés qui concourent à la production de l’éf- fet ; car c’est de l’éfficacité de ces moyens que dépend une complette réussite. J’oserai récla- mer en même tems pour mon travail, une indulgence qu’on sera plus disposé peut-être à lui accorder, si on ne le considère que comme la trace d’un premier pas hazardé dans une carriere toute nouvelle. // .On trouvera sans doute, mes dessins encadrés, faits sur étain, trop faibles de ton. Cette défectuosité provient principalement, de ceque les jours ne contrastent point assez avec les ombres résultant de la réflexion métallique. Il serait aisé d’y rémédier en donnant plus de blancheur et plus d’éclat aux parties qui représentent les éffets de lumiere, et en recevant les impressions de ce fluide sur de l’argent plaqué, bien poli et bruni* ; car alors, l’opposition entre le blanc et le noir, serait d’autant plus tranchée ; et cette derniere cou- leur, rendue plus intense au moyen de quelque agent chimique, perdrait ce reflet brillant qui contrarie la vision et produit même une sorte de disparate 1 . .Mes essais de gravure laisseront encore plus à désirer quant à la pureté du trait, et à la profondeur des tailles ; aussi ne me suis-je décidé à les présenter que pour constater cette importante application de mes procédés, et la possibilité de l’améliorer. Les obstacles que j’ai eu à surmonter, tenaient moins éffectivement, à la nature de ces procédés qu’à l’insuf- fisance de mes ressources dans un art dont la pratique m’est peu famillère. Il n’est pas inutile d’observer que cette même application peut avoir lieu sur cuivre comme sur étain. Je l’ai essayée plusieurs fois sur pierre, avec succès, et je suis porté à croire que le verre serait peut-être préférable. Il suffirait, après avoir opéré, de noircir légèrement la partie gra- vée, et de la placer sur un papier blanc, pour obtenir une épreuve vigoureuse. M r . Daguerre, peintre du Diorama // à Paris, m’a conseillé de ne pas négliger ce mode d’application qui n’aurait pas, il est vrai, l’avantage de multiplier les produits ; mais qu’il regarde comme émi- nement propre à rendre toutes les finesses de la nature. .Parmi les principaux moyens d’amélioration, ceux que fournit l’optique doivent être 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre (L.J.S.). Cette hypothèse nous paraîtrait assez envisageable si la réalité d’une « assemblée », quelle qu’elle soit, était compatible avec les données dont on dispose ; ce qui n’est pas le cas. D’une part, dans la lettre du 24 janvier 1828 (v. 454), où il est question « plus en détail, du résultat de toutes mes démarches », Niépce n’évoque queWatkins,Ackermann,Bauer,Home,Young,Wollaston et Carpue,soit aucun autre nom que celui des personnalités qui, avec Aiton, sont à l’origine de la correspondance que nous connaissons ; d’autre part, cette même correspondance prouve que Niépce distribua sa notice au coup par coup. Selon Schaaf encore, pendant cette période troublée à la Royal Society, Sir Everard Home, autre vice-président de cette société, organisait chaque samedi des réunions chez Bauer à Kew. Elles étaient suivies par de nombreux membres de la Royal Society. On peut penser que c’est au cours d’une de ces réunions que fut discutée la notice de Niépce et opposée la fin de non-recevoir indiquée par Bauer.Robert Hunt paraît être le premier à avoir com- mis l’erreur de prétendre que Niépce communiqua sa notice à la Royal Society (R.H. p. 24). Depuis, les histo- riens ont choisi de reproduire cette légende, plutôt que le témoignage de Bauer. 1. Dans l’analyse qu’il a donnée de cette notice en 1956,Gernsheim a purement et simplement passé sous silence cet alinéa;fait d’autant plus surprenant que ces lignes sont justement celles qui font état de l’invention dans ce qu’elle avait de fondamental pour Niépce et qu’il y apparaît clairement qu’à l’appui de ses démarches, celui-ci présenta plusieurs héliographies d’après nature. Il se trouve d’une part que Gernsheim n’en a retrouvé qu’une, d’autre part qu’il a prétendu avec insistance que Niépce n’en avait pas présenté d’autre: A l’exception d’une [...] toutes sauf une,les images de Niépce étaient des copies de gravures (H. & A.G. p. 59). Pour en finir sur ce point, pré- cisons que Daguerre,espérant alors rencontrer Nicéphore,sinon à Kew du moins à son retour à Paris,lui écrivit: « Je ne puis vous dissimuler que je brûle du désir de voir vos essais d’après nature » (v. 455).
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