Niépce correspondance et papiers
824 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS ces jours passés, d’après cequ’on nous // a dit ; car nous ne pouvons guère le questionner, encore moins l’approcher de très-près, et il persiste toujours à ne pas vouloir de médecin ; desorte que nous ne savons rien là dessus que par nos hôtes qui ne disent pas un mot de français. Depuis hier mon frère va beaucoup mieux : une nouvelle révélation, qui le rassu- re parfaitement, lui a appris qu’il est invulnérable, immortel, et ange de Dieu sur la terre. Ma femme lui a demandé aujourd’hui, si notre départ, que nous comptons éffectuer bien- tôt, ne lui ferait pas de peine. Il a répondu que non, et même tout au contraire ; mais, je suis bien sûr que nos hôtes n’en diront pas autant. La lettre de ton oncle, que j’ai perdue à Paris, est la derniere ou l’avant-derniere de celles que j’ai reçues de lui avant notre départ 1 . Celle en question doit se trouver nécessairement. Les as-tu bien toutes lues avec attention, mon cher Isidore ? N’en aurais-tu pas laissé dans les deux boîtes ? Je crois qu’il y en a enco- re quelques unes dans la cassette dont nous t’avons envoyé la clef, ou dans le petit tirroir à gauche de la commode de ma chambre : tu feras bien d’y regarder. Mais la mesure que tu proposes à cet éffet, ne nous parait guère admissible : ton oncle la trouverait fort extraor- dinaire ; et s’il demandait qu’on lui lût la lettre, quel résultat pourrions-nous obtenir ! L’autre expédient ne nous semble pas plus praticable 2 . Il y a près de 3 mois qu’il n’a quitté le lit ; il est d’une faiblesse extrême, et par conséquent dans l’impossibilité de se déplacer. Il ne demande pas mieux que de retourner en France : aussitôt qu’il le pourra, il ne sera pas nécessaire de lui faire signifier de déguerpir. Quant à M r . et M me . Cassell, nous ne pouvons que nous louer de leurs bons procédés à son égard : ils ont pour lui les attentions qu’ils pourraient avoir pour un ami et même pour un parent. M r . Cassell est dans l’aisance ; il est connu dans le pays. La place qu’il a de receveur des aumônes publiques, prouve qu’il ins- pire une juste confiance ; nous avons été dans le cas de juger par nous mêmes, qu’il est généralement aimé et considéré : je crois que de pareils motifs doivent être propres à nous rassurer./. Nous avons à S t . Loup, le plan du domaine de Jambles ; il est dans l’armoire de l’anti-chambre. Les titres de celui propriété de celui de Colombey, avaient été remis avec les autres pièces à M r . Granjon : nous sommes surpris que tu ne les aies pas reçus. Nous consentons également, à ceque ce domaine soit vendu ; car l’objet essentiel pour nous, est de nous libérer entièrement 3 ; ainsi, tu feras bien, mon ami, de t’occuper simultanément de ces deux ventes, aussitôt que le nouvel emprunt sera éffectué. Nous trouvons ton calcul fort juste, et surtout bien séduisant ; mais, en parlant du bail de S t . Loup, // ne portes-tu pas les terres à un prix trop élevé ; car elles ne sont pas toutes de la même qualité 4 ? Au reste, tu n’agiras à cet égard, qu’avec connaissance de cause. S’il est bien important pour nous, en effet, d’amodier le plus avantageusement possible, il ne l’est pas moins d’avoir des fermiers qui puissent remplir leurs engagemens sans se ruiner. Ta maman verrait avec peine, mon ami, que les vignes de S t . Loup fussent amodiées 5 , parceque nous serions pri- 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre 1. Nicéphore évoquait sans aucun doute les lettres des 2 et 9 août 1827.Si l’on s’en rapporte à son propre récit de l’incident, la lettre perdue était la dernière lettre de son frère (v. 426), donc celle du 9. 2. Tout ceci reste obscur. On comprend seulement que Nicéphore, se rappelant avoir lu dans une lettre de son frère quelque article intéressant leurs affaires, avait demandé à Isidore de retrouver la lettre en question. Ce dernier, n’ayant pu mettre la main dessus, se demandait si ce n’était pas celle que Nicéphore avait perdue à Paris ; ce qui apparemment n’était pas le cas. Quant aux « mesure » et « expédient » par lesquels Isidore pro- posait de contourner la difficulté, il faut croire qu’ils n’étaient guère réguliers. 3. Contrairement à Colombey, Jambles ne sera vendu qu’après la mort de Nicéphore. 4. De ce fait ou pas, le 22 février 1828, ne se présenteront que deux enchérisseurs qui feront des offres jugées insuffisantes par Isidore, et l’adjudication du bail à ferme du domaine de Saint-Loup sera renvoyée (v. 457). 5. Isidore ne tiendra apparemment pas compte de cet avis (ibid.).
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