Niépce correspondance et papiers
N IEPCE 825 vés par là, de beaucoup de fruits qui font grand plaisir dans le ménage. On m’ nous avait conseillé dans un tems, de prendre ce parti-là ; mais des personnes mieux informées nous dirent de n’en rien faire si nous ne voulions pas nous exposer à perdre nos vignes. Qui sait d’ailleurs, si cet arrangement conviendrait à ton oncle, ce dont je doute fort ; et il est bon de tout prévoir 1 . Quant à tout le reste, agis comme tu le fais, c’est-à-dire pour le mieux et de la maniere la plus conforme à nos véritables intérèts, et nous serons pleinement satis- faits. Nous nous plaisons à te répéter à ce sujet, tout ceque nous ont déjà suggéré ton zèle et ton activité à réparer nos pertes aussi douloureuses qu’imprévues 2 ; et fallut-il encore rabattre des espérances dont tu nous flattes, nous trouverions de quoi nous consoler, mon cher Isidore, dans la sagèsse de tes réflexions 3 . Mais, si je pouvais de mon côté, parvenir à combler le déficit, je t’avoue que je n’y manquerais pas. La chose n’est pas possible ici pour le moment, et [...] 4 pour te l’expliquer, je vais te faire part, plus en détail, du résultat de toutes mes démarches 5 . S’il n’a pas été plus heureux, ce n’est ni de ma faute ni de celle des personnes qui ont bien voulu s’intéresser à moi. J’ai eu deux entrevues avec l’opticien 6 auquel on m’avait adressé et dont je t’ai parlé ; mais elles n’ont abouti à rien. On m’a mis ensuite en rapport avec un des plus riches marchands de tableaux et de gravures de Londres 7 , qui aurait bien voulu acheter ma découverte, telle qu’elle est, à vil prix ; et avec lequel je me félicite de n’avoir contracté aucun engagement. Il y a plus à perdre qu’à gagner avec [...] des gens qui ne voient dans cequi intéresse les arts, qu’un objet de spéculation purement mercantile ; aussi n’ai-je pas voulu aller frapper à d’autres portes. La seule chose dont j’aie à m’applaudir, et qui me flatte beaucoup, j’ose le dire ; c’est d’avoir // fait connaissance assez particuliere avec l’excellent M r . Bauer, de la Société Royale de Londres ; d’avoir eu des rapports avec d’autres membres distingués de cette société, tels que M r . le baron d’Home, M r . le docteur Young, associé de l’Institut, et de M r . le docteur Wollaston, inventeur des verres périscopiques* et de la camera lucida ; et d’avoir été secondé autant qu’il pouvait dépendre de lui, par M r . le vice-président de la Société des Arts 8 , dans les ten- tatives que j’ai faites pour tirer parti de ma découverte. Tous ces Messieurs s’accordent à la trouver très-curieuse, très-étonnante, et susceptible de beaucoup d’applications du plus grand intérèt. On m’engage fortement à la perfectionner : c’est bien aussi ceque je compte faire aussitôt après notre retour. M r . le D r . Wollaston m’a fait cadeau d’une petite brochu- re sur une nouvelle chambre noire de son invention, dont l’objectif est périscopique. Cette invention me parait supérieure à tout cequ’on a imaginé de mieux jusqu’ici, dans ce genre- là ; et je me propose, quand nous serons à Paris, de me procurer un semblable objectif chez Chevalier. A l’aide de meilleurs verres et de quelques autres perfectionnemens que j’ai en vue, j’espère que l’année ne se passera pas sans que je parvienne enfin, à une complette réussite. Alors, il ne me sera pas difficile d’utiliser ma découverte. J’aurais bien eu tort de la 1. Même son rétablissement. 2. Ceci s’entend très logiquement dans le cadre de l’indéfectible confiance que Nicéphore vouait à son frère. 3. On comprend qu’Isidore, fanfaronnant comme à son habitude, avait prédit la restauration de la fortune familiale. 4. Mot barré illisible. 5. Ce « toutes » incite à considérer comme exhaustive la série des personnalités citées ensuite. C’est l’une des raisons pour lesquelles il nous paraît improbable que la « liste des personnes marquantes de Londres, qui ont des collections et galeries de tableaux » (v. 430) ait été rédigée en Angleterre. 6. Watkins. 7. Vraisemblablement Ackermann. 8. Carpue. 454 1824 1829
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