Niépce correspondance et papiers

459 Lettre (Coll. J.N.). Inédit Saint-Martin de Ré, 29 février 1828. Le colonel David Niepce à Isidore. S t . Martin de Ré 1 le 29 fev r . 1828. Mon cher cousin 2 , Je réponds à votre lettre du 13 courant. Son contenu nous a beaucoup affecté. La perte de votre excellent oncle 3 , qui jouissait chez ses compatriotes, et dans toute la famille, d’une considération bien méritée par la pureté de ses mœurs, ses eminentes qualités se fera vive- ment regretter, et sa mémoire s’y conservera longtemps. Il n’y a pas de doute, que ses longues veilles, la tension continuelle de son esprit, sur tout ce qui était art, et mécanique, ont contribués à abréger ses jours. Dans un meilleur monde, il trouvera la récompense de ses vertus, et le bonheur, dont il n’est pas permis à l’homme de jouir dans toute son étendue, dans celui ci. Depuis longtemps, je ne me faisai plus illusion sur la réussite de sa machine, je n’attri- buai qu’a un cerveau malade, la chimère après laquelle il courait 4 . Je le mettai en parallèle avec ces // alchimistes de jadis, qui travaillant jour et nuit à la prétendue confection de l’or, ou à la recherche de la pierre philosophale, y consummaient leur temps, leur sante, et leur fortune. Il eût été à desirer, que le voyage de votre père, n’eût pas été autant différé 5 , il se serait assuré de l’état des faits avancés par son frère, il eût pu le décider à revenir dans le sein de sa famille, où les soins qu’il y eût trouvé, le changement d’air, lui eût rendu la santé, et pro- longé ses jours. Au surplus l’être qui régit tout, en avait ordonné autrement, et décidé dans sa sages- se, et contre laquelle, il ne nous est pas permis de murmurer, que cet honnête homme, ne devait plus revoir la belle France, et finir sa carrière sur des bords étrangers. Offrez je vous prie, mon ami, de ma part et de celle de ma famille nos complimens de condoléances, à votre père, et mère, dites leur bien, que nous partageons sincèrement l’af- fliction dans la quelle ils sont plongés ; que nous les engageons fortement à menager leur santé. Ils en ont besoin après la terrible secousse qu’ils viennent d’avoir. // L’espoir que j’avais et qui m’avait été positivement donné par l’ex ministre 6 d’obtenir sous peu un ra ( p ) prochement de la Bourgogne, me semble évanoui. Ne connaissant nullement le nouveau 7 , il ne peut avoir pour mois les mêmes bontés 1. Rappelons seulement ici que le colonel David Niepce avait été nommé gouverneur de l’île de Ré le 14 décembre 1825. Sur les hauteurs de Saint-Martin, le « palais » est aujourd’hui occupé par la résidence Rocher-Soleil. Dans ce bel édifice, qui avait été construit en 1684, le « lieutenant de roi » Niepce et sa famille séjournèrent un peu plus de cinq ans. « Le chevalier Niepce » a laissé de son passage à l’île de Ré deux mémoires manuscrits et des plans coloriés (v. App. XVI). 2. Isidore et le colonel David Niepce étaient issus de cousins issus de germains. 3. La date de la lettre (13 février) qui lui avait appris la nouvelle, cadre parfaitement avec notre essai de chro- nologie des événements survenus depuis la mort de Claude (v. 456). 4. Le mouvement perpétuel. 5. C’était là incontestablement ce que pensait toute la famille depuis longtemps. C’était en tout cas l’avis que Monsieur de Champmartin n’avait pas manqué d’exprimer, moins de deux ans après le mariage de sa fille avec Isidore (v. 402). 6. Aimé-Marie-Gaspard, comte puis duc de Clermont-Tonnerre. Il tint le portefeuille de la Guerre du 4 août 1824 au 4 janvier 1828. 7. Louis-Victor, vicomte de Caux de Blacquetot (1775-1845). Ministre de la Guerre dans le ministère Martignac de janvier 1828 à août 1829. 838 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre 1824 1829

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