Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 877 479 1824 1829 périscopiques m’ont procuré des résultats bien supérieurs à ceux que j’avais obtenus jus- qu’à présent avec les objectifs ordinaires 1 , et même avec le prisme-ménisque 2 de V t . Chevalier. Mon unique objet devant être de copier la nature avec la plus grande fidéli- té, c’est à quoi je m’attache exclusivement, car ce n’est que lorsque j’y serai parvenu (si, toutefois, il n’y a pas un peu trop de témérité de ma part, dans cette supposition) que je pourrai m’occuper sérieusement des différens modes d’application dont ma découverte peut être susceptible 3 . D’après cela, Monsieur, je differerai donc encore de vous adresser des essais de points de vue, préparés sur cuivre : j’aime mieux attendre que de réclamer pré- maturément l’intervention de votre burin, quelque obligeance que vous ayez bien voulu mettre à me l’offrir 4 . Au reste, je serais faché que vous pussiez voir dans cette prudente reserve autre chose que ( ce que ) je veux exprimer : je puis vous certifier que j’ai plus lieu que jamais ( de compter ) sur une reussite complette, si d’ici à la fin de la belle saison, je suis aussi satisfait du résultat de mes recherches que je l’ai été depuis que je les ai reprises. Permettez moi, Monsieur, de profiter de cette circonstance pour vous remercier enco- re de la belle épreuve que vous m’avez envoyée de votre superbe gravure 5 . Je l’ai fait enca- drer, et je la conserverai avec soin ; car indépendammant de son importance sous le rapport de l’art, elle a pour moi un grand mérite, celui d’être de votre part, Monsieur, l’expression d’un sentiment auquel j’attache le plus haut prix. Veuillez recevoir en échange l’assurance particulière de mon estime et de mon attachement. J’ai l’honneur d’être, Monsieur, Votre très humble serviteur ; J.N. Niépce P.S. Ma femme me prie de la rappeler, Monsieur, à votre agréable souvenir ainsi qu’a ( celui de ) Madame à laquelle vous voudrez bien faire agréer mon hommage empressé. Je ne sais si M r . Daguerre est à Paris, mais il y a bientôt un mois que je ne lui ai écrit, et il ne m’a point encore répondu 6 ./. 1. Il s’agit des deux verres périscopiques que l’inventeur avait commandés à Chevalier lors de son retour d’Angleterre et qui lui avaient été livrés en février 1828 (v. 482). Par sa lettre à Chevalier du 12 janvier 1829, nous comprendrons que les améliorations apportées par ces verres résident essentiellement dans la net- teté qui s’étend sur une surface plus grande autour du centre de l’image qu’avec des verres biconvexes. Le 24 juillet 1827 (v. 421), il signalait à Lemaître : « Il n’y a en effet, Monsieur, de bien éclairée et de bien nette que la partie de l’image, qui se trouve juste au foyer de l’objectif ; tout le reste est plus ou moins vague et confus ; aussi dans ce moment, suis-je uniquement occupé des moyens de remédier à ces graves imperfec- tions. » Satisfait de l’amélioration apportée par ces verres périscopiques, Nicéphore désirera s’en procurer d’un foyer plus long. Chevalier l’en dissuadera (v. 483) pour des raisons de coût. Convaincu, Nicéphore com- mandera alors de simples verres bi-convexes, conscient que, du fait de leur grand foyer, la portion nette du centre de l’image couvrirait la surface des plaques (v. 486). 2. C’est ici la seule mention de l’emploi du prisme-ménisque expédié par Chevalier en janvier 1826. 3. Nicéphore indique par là qu’il se consacre uniquement à l’obtention de points de vue au bitume. Les « différens modes d’application » désignent la gravure à l’acide ou les traitements annoncés l’année précé- dente à Kew. 4. V. 466. 5. L’Enlèvement de Proserpine . Lemaître la lui avait offerte neuf mois auparavant (v. 437). 6. Nicéphore lui avait écrit le 26 juillet (v. 473 n.s.m.), mais Daguerre était apparemment « hors de Paris » (v. 483), parti probablement pour la Forêt-Noire (v. 484).

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