Niépce correspondance et papiers
886 C ORRESPONDANCE ET PAPIERS tionnement indiqués dans ma notice 1 . Je n’ai pas négligé d’en faire l’application ; et j’en augure trop bien jusqu’ici, pour ne pas m’en occuper de nouveau, dès que le retour de la belle saison me permettra de reprendre mon travail. J’ai aussi reconnu, d’après quelques essais sur verre, la possibilité d’imiter avec la plus grande verité, et tout le prestige de l’illu- sion, les effets du Diorama, sauf pourtant, la magie du coloris 2 . Mais, Monsieur, autant je doutais, dans le principe, qu’il fût possible de représenter les objets avec leur couleurs naturelles, comme je serais disposé à le croire maintenant 3 . L’expérience m’a procuré là- dessus, des données qui viendraient jusqu’à un certain point, à l’appui de cette conjecture, et seraient en même tems, une conséquence assez directe de la théorie de Newton sur les anneaux colorés 4 . Malgré cela, il y aurait // plus que de la témérité de ma part, à donner à quelques résultats prématurés, une importance qu’ils sont encore loin de mériter ; et si j’ose vous les communiquer, Monsieur, avec tout l’abandon de la confiance, c’est pour ne rien vous laisser ignorer de cequi se rattache à des recherches auxquelles vous voulez bien prendre un si vif et si constant intérèt. Dans quelques mois d’ici, je les poursuivrai, je l’es- père, avec de nouvelles garanties de succès pourvu que la saison me soit moins défavorable que l’an passé ; et je me bornerai d’abord, à une seule application de mes procédés, afin d’arriver plus promptement au but. Si j’ai ce bonheur-là, Monsieur, vous pouvez compter sur mon empressement à vous le faire savoir. .La circonstance qui devait me mettre à même de vous débarasser des papiers que vous avez entre les mains, ne s’est point encore présentée. M r . Daguèrre, à qui j’ai écrit il y a fort longtems, ne m’a pas répondu. J’ai envoyé chez lui, et il m’a fait dire qu’il allait partir pour la Forêt Noire. Il est probablement, toujours en course ; car j’apprends par voie indirecte, mais sûre, qu’il n’a point donné de ses nouvelles depuis quelques mois 5 . En vous instrui- sant, Monsieur, de ce retard imprévu, je ne puis trop vous exprimer mon regret, et m’em- presser de réclamer à cet égard, toute votre indulgence. Il est vraiment fâcheux que nous n’ayons point ici, d’occasion pour Londres : M r . Daguerre dont la volonté est parfois un peu ambulatoire*, est jusqu’à présent, la seule personne qui puisse nous obliger dans la cir- constance en question 6 . .Nous désirons bien vivement, Monsieur, que la saison actuelle, qui se rapproche mal- heureusement beaucoup de celle que nous eumes l’année passée, n’influe pas d’une manie- re aussi pénible sur votre santé. Ménagez-la, car nous y prenons l’intérèt le plus réel et le mieux senti. Veuillez aussi nous en donner des nouvelles : c’est le plus grand plaisir que vous puissiez nous faire après celui que nous éprouverions en vous voyant au milieu de 1824 1829 Des débuts de la photographie jusqu’à l’association avec Daguerre 1. Celle dite « de Kew ». Dans toutes ses autres notices rédigées en Angleterre, Nicéphore avait envisagé l’em- ploi de doublé d’argent et de « quelque agent chimique » susceptible de rendre « plus intense » le noir (v. 432, 433, 443). 2. L’inventeur s’expliquera davantage sur ce phénomène dans la Notice sur l’Héliographie qu’il rédigera pour Daguerre en novembre 1829 (v. 506). 3. En 1852, dans le Troisième mémoire sur l’héliochromie qui accompagnera deux de ses épreuves photogra- phiques en couleurs,Claude Félix Abel Niepce de Saint-Victor écrira:« Mes meilleures épreuves réalisent déjà, en partie, les espérances enthousiastes de mon oncle, qui disait à l’un de ses amis, M. le marquis de Jouffroy, qu’un jour il reproduirait son image telle qu’il la voyait dans une glace » (C.R.H.S.A.S. 1852, 2 e sem., t. 35). 4. Là encore, Nicéphore s’expliquera en détail sur ses espoirs de pouvoir reproduire les couleurs, dans sa Notice sur l’Héliographie . 5. On l’a vu, l’information émanait de Chevalier (v. 483). 6. Ce n’est qu’en mai 1830 que Daguerre, se rendant à Londres, se fera remettre le paquet de documents venant de Claude (v. 518, 523).
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