Niépce correspondance et papiers

N IEPCE 889 486 Lettre (A.A.S.) 1 Paris, 12 janvier 1829. Nicéphore à Vincent et Charles Chevalier. .Châlon-sur-Saône, le 12. janvier 1829. .Messieurs, .D’après les observations contenues dans votre réponse du 25 décembre passé 2 , je me décide à remplacer les verres périscopiques par des verres bi-convexes. Comme on peut avec ces derniers verres, lorsqu’ils sont d’un grand foyer, rétrécir le champ de l’image, et obtenir par là plus de netteté ; cette ressource compense à peu de chose près, l’avantage que présente le système périscopique 3 . .En conséquence, je vous prie, Messieurs, de me faire confectionner deux objectifs bi- convexes, de 6 pouces de diamètre et de 24 pouces de foyer 4 , au prix de 25 francs pièce ; à condition qu’ils seront bien travaillés, et que le verre sera de la meilleure qualité et sans défauts. Pourvu que je les aie dans deux mois, c’est à dire dans la première quinzaine de mars prochain 5 , ça me suffit ; mais je désire pouvoir compter là-dessus. .Je profite de la circonstance pour vous adresser franche de port par la diligence, une petite boîte contenant 2 planches en doublé au 20 me . pareilles aux autres, mais brunies* ; et que vous voudrez bien faire polir et dresser, le mieux qu’il vous sera possible 6 . Je vous prie également, Messieurs, de me procurer deux autres planches de même épaisseur, et au même titre ; mais plus grandes, et conformes au modèle en carton qui se trouve dans la boîte ; // les quelles seront aussi, dressées et polies convenablement. Pour vous mettre à portée de mieux juger de l’importance de cette double condition, surtout de la première, je joins à cet envoi, un éssai de l’application de mes procédés héliographiques sur argent pla- qué. Il est éssentiel, à cause du reflet métallique qui contrarie la vision, de placer l’image dans un endroit peu éclairé ; cequi me ferait vivement désirer que l’on pût détruire ce 1. Publ. in C.C. (pp. 31-32), A.C. (p. 120), P.G.H.2 (pp. 126-128). 2. V. 483. 3. Les verres que commande Niépce étant biconvexes ne donnent une image nette qu’autour du centre de l’image dont la taille augmente avec le foyer. Un foyer de 24 pouces (soit ≈ 65 cm) permet d’obtenir une zone de netteté centrale suffisamment importante pour couvrir la surface des plaques que Nicéphore envi- sage d’utiliser. 4. Sur quelles chambres obscures ces optiques furent-elles installées? Ainsi que l’a fait remarquer P. Jay (P.J.2 p. 14), parmi les boîtes conservées au Musée Niépce, seule la chambre portant un diaphragme (répertoriée L.A.C.974) pourrait convenir.Bien qu’il soit admis que cette chambre ait été donnée par Daguerre, ce qui n’est pas prouvé, on peut se demander si Niépce ne la possédait pas dès 1828 (P.J.2 p. 15). 5. Ce délai laisse le temps de fabriquer la monture des nouveaux verres avant la période propice aux essais de points de vue. C’est en général vers la fin du mois d’avril ou au début du mois de mai que l’ensoleillement permet à Niépce de reprendre ses expériences (v. 374, 466). 6. On a vu que Chevalier « désespérait de pouvoir le mieux faire » (v. 483). Le brunissage* étant l’opération destinée à parfaire le polissage, on est étonné que Niépce envoie des plaques brunies pour les faire polir. Dans les différentes notices rédigées à Kew, il avait indiqué son désir d’employer « de l’argent plaqué, bien poli et bruni » (v. 433, 443), ce qui est l’ordre correct des manipulations destinées à obtenir la surface argentée la plus parfaite. Il semble que l’inventeur, mécontent du poli effectué par M. Balaine, envoie des plaques déjà brunies dans l’espoir que le polissage effectué ensuite donnera un brillant plus satisfaisant. Quant à savoir qui a fourni les plaques et réalisé le brunissage, on pense évidemment à Sordet, conseiller municipal de Chalon en 1885, qui expliquera (in P.S.L. 23 juin 1885) que dès 1823, alors qu’il était ouvrier fondeur doreur, il fut chargé par le patron qui l’employait, de polir des plaques métalliques pour Nicéphore. En 1815 vivait à Chalon un certain Jean [Salinat] né en 1782, fondeur de son état, demeurant Grande rue (A.M.C. 3H1/2). 485 1824 1829

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