Niépce correspondance et papiers
Introduction Ce livre est l’aboutissement d’un travail entrepris au cours de l’automne 1982, en vue d’un film pour la télévision. Passionné par les deux cent soixante lettres conservées à Saint-Petersbourg et à Chalon-sur-Saône, je fus profondément déçu de manquer de matériaux originaux avant 1816. Les cinquante premières années de la vie de Joseph-Nicéphore Niépce (1765-1833) se résumaient alors à trente-cinq pages: sept publiées par son fils Isidore en 1841, vingt-huit publiées par l’érudit chalonnais Victor Fouque en 1867. Dates, noms, souvenirs s’y trouvaient répertoriés pudiquement, comme autant de têtes de chapitres d’une biographie restant à écrire. Mon projet m’obligeant à enraciner Niépce au cœur de ce XVIII e siècle qui le vit naître, lui insuffla son esprit, forgea sa personnalité, inspira son œuvre, il me fallait impérativement trouver matière à remonter le temps sur un demi-siècle. La correspondance n’ayant jamais été explorée à cette fin, je décidai de m’atteler à la tâche. Dès la quatrième lettre de la collection conservée à Chalon-sur-Saône, une petite note en marge m’ar- rêta. Elle fut à l’origine de découvertes en cascade qui m’occupèrent pendant plusieurs années. Forte de dizaines de documents inédits, l’histoire de Niépce commençait à se dessiner, lorsque mon pro- jet de film avorta. C’est alors que je fis la connaissance de Jean-Louis Marignier. Il venait de réaliser et de publier la pre- mière reconstitution expérimentale de l’héliographie. Comme je l’avais fait moi-même, il s’était exclusive- ment appuyé sur les manuscrits de l’inventeur. Dans le cadre de notre étude sur ces pièces de première main, la compilation des originaux déjà publiés s’avéra indispensable. Le concept de ce livre était né. Les quelque sept cents documents amassés formaient une ébauche de puzzle, présentant par endroits des vides importants parsemés de pièces isolées. Pallier les manques était en partie possible. Faute d’enchaî- nement logique, de rapprochement spontané, certaine hypothèse méritait parfois d’être examinée. C’est ce qui détermina la disposition de nos notes en bas de page. Terrain de continuité, celles-ci furent voulues d’un abord aussi agréable que possible. Renvois et références y furent donc systématiquement portés en abrégé. Eu égard à la nature de l’ouvrage, lui fixer des limites n’était pas le plus aisé. S’en tenir strictement à l’inventeur de la photographie eût abouti à un détourage vide de sens. Nos découvertes en ayant décidé autrement, ses proches vinrent prendre place autour de lui. Son cadre de vie se précisa, les affaires cachées ressurgirent, Niépce s’inscrivit dans l’Histoire. Se borner à la période comprise entre sa naissance et sa mort présentait deux inconvénients. D’un côté c’était faire l’impasse sur son milieu familial, de l’autre sur le mépris de sa mémoire. L’année 1761, marquée par le mariage de ses parents, la fatale année 1839, firent office de bornes sensées. Entité à part entière, la correspondance échangée plus tard entre son fils et Fouque s’imposa alors tout naturellement comme matière à supplément. Il fut enfin décidé de publier en appendice, dans le cadre d’articles spécifiques, de nombreuses pièces utiles aux éclaircissements recherchés. Telle que nous l’avons voulue, et à considérer la liste des questions restées sans réponse, la publication de ces documents ne donnera l’exacte mesure de son intérêt qu’autant que les historiens et les chercheurs prendront plaisir à y trouver les clefs qui nous ont manqué. M.B. N IEPCE III
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